Le projet associatif


Des dirigeants associatifs, soucieux de l’avenir de leur association et de leur action, ont pris l’initiative de créer l’Espace de Recherche et de Prospective au cours de travaux du groupe régional de la CNAPE, la fédération des associations de protection de l’enfant, et avec le soutien de l’URIOPSS Rhône-Alpes et par la suite de l’UNIOPSS, unions des fédérations du secteur sanitaire et social.

L’ERP a vu le jour en Rhône-Alpes, à titre expérimental, en septembre 2013 pour une durée de deux ans. Un rapport moral et un rapport d’activité rendent compte de son action durant cette période.

Il rassemble aujourd’hui une vingtaine d’organismes du secteur social et médico-social (Associations, Fondations, Fédérations, Unions,).

Groupement de fait à l’origine, il a pris, suite au bilan de la période expérimentale (cf. Rapport moral et d’activités), la forme d’une association loi 1901. 

Les constats

Comment, au sein des associations d’action sociale et médico-sociale, diriger sans savoir où l’on va, développer des pratiques sans savoir ce qu’elles produisent, quels sens elles ont, tant pour les dirigeants, les praticiens, les personnes accompagnées et la société ?

L’action au service des personnes accompagnées n’est plus seulement le produit des institutions et des  pratiques. Elle se pense, s’inscrit dans un environnement plus large qui bouscule les logiques historiques du secteur. Elle procède  d’une approche plus globale à la fois anthropologique et sociétale. Autrement dit, elle est centrée sur la personne en situation de vulnérabilité autant que sur ce qui « fait société » : le vivre ensemble, le lien social, la solidarité.

Face aux phénomènes émergeants, il convient de prendre la mesure des défis à relever

Il importe de mobiliser  les gouvernances, les pratiques managériales et les pratiques de terrain dans leur capacité à redéfinir les enjeux et finalités de l’action, à préciser les axes stratégiques et opérationnels des projets.

Les objectifs

Penser collectivement le présent et l’avenir de l’action sociale partant des pratiques des associations (managériales et de terrain), a fortiori dans un environnement en pleine mutation, ne va pas de soi.

L’action au quotidien, l’urgent, le court terme politique, la nécessaire réactivité et conformité à la « commande publique », l’accélération des processus sont autant de facteurs qui rendent l’exercice difficile.

Outre la question de la disponibilité ou du manque d’intérêt pour faire un tel choix, beaucoup (bénévoles, cadres et acteurs de terrain),  se sentent dépossédés par le politique ou l’université d’une réelle légitimité autant que d’une certaine capacité à dire et à faire valoir les savoirs et compétences à l’œuvre dans leurs pratiques.

Concevoir, conduire et accompagner le changement et non le subir, n’est-ce pas s’inscrire dans un processus dynamique où s’exerce l’art de la controverse pour élaborer une vision, des choix stratégiques suffisamment éclairés et nourris, et orienter l’action en lien étroit avec les pouvoirs publics ?

Mobiliser et rassembler les acteurs concernés dans un pareil contexte autour d’une éthique et de principes partagés, relever un tel défi nécessite une volonté commune et une méthode globale.

Analyser la situation actuelle pour construire collectivement l’action de demain, pose la question du comment- faire, de la méthode, au sein de chaque association autant qu’entre associations.

C’est l’ambition et la force de l’ERP.

L’éthique

  • Quelle que soit sa vulnérabilité, la capacité de toute personne à penser et à agir eu égard à sa dignité,
  • Le choix de la pensée collective et de l’intelligence partagée (cf. méthode), de capitaliser et de mutualiser les ressources, les acquis et les connaissances issus de la pratique et de l’expérience, en lien avec les savoirs universitaires,
  • L’esprit de fraternité et de coopération, à tous les niveaux.

Les principes

  • La recherche et la prospective sont intégrées dans les milieux de pratique pour produire des savoirs, interroger et consolider les pratiques, élaborer des scénarios du futur, débattre et construire collectivement l’action, orienter les politiques publiques et les pratiques.
  • Mobilisation et rassemblement des acteurs, dans leur diversité, sur l’objet commun de recherche et de prospective,
  • Participation des parties prenantes : personnes accompagnées, praticiens et chercheurs, acteurs institutionnels publics et privés,
  • Autonomie de la méthode qui favorise la liberté de pensée et d’expression
  •  Faire valoir la spécificité associative, sans pour autant se substituer aux fédérations, union interfédérale, et aux syndicats employeurs
  • Ouverture « à » et « sur » la société civile pour être force de transformation.

La méthode

Nous faisons le choix d’une méthode qui consiste à éclairer et nourrir la réflexion au sein des associations en croisant les savoirs issus de la pratique et de l’expérience, et les savoirs académiques.

L’enjeu  ne consiste pas seulement à mieux connaître les modes d’action et pratiques du moment. Il s’agit aussi de les penser dans leur évolution, de se donner les moyens d’être concepteur autant qu’acteur de scénarios du futur, d’adopter une démarche prospective.

A cet effet, la méthode doit particulièrement veiller à favoriser les interactions entre recherche et prospective.

Ces interactions font converger, sans les confondre, ce qui les différencie (objet, logique et méthode spécifique) :

  • pour la recherche : production de savoirs selon une approche scientifique et méthodologique,
  • pour la prospective : élaboration de scénarios du futur selon une approche politique et stratégique de l’action.

La méthode doit amener à faire coopérer, de façon intelligente, différents types d’acteur : le praticien, le manager, le chercheur, le bénéficiaire et le politique. 

Ainsi, elle articule de façon convergente trois fonctions : le savoir de l’expérience, le savoir savant et la commande publique.

Elle rend possible un dépassement des clivages historiques entre l’action politique et l’épreuve de professionnalité, la pratique et la recherche académique, l’aspect normatif et l’aspect transformateur de l’intervention sociale et médico-sociale.

La démarche nécessite un mode de gouvernance associative qui s’adapte au changement pour :

  • orienter et accompagner l’intégration de la recherche et de la démarche prospective dans les milieux de pratique,
  • favoriser l’appropriation par les acteurs de terrain des savoirs produits et des évolutions mises en perspective,
  • débattre des choix politiques et stratégiques à faire.

S’engage alors un processus de co-production de savoirs et d’élaboration de scenarios du futur, qui :

  • s’appuie sur les pratiques, hors les murs de l’université, mais en lien avec elle et les laboratoires de recherche, ce qui implique fortement les acteurs pour avoir une lecture suffisamment juste des pratiques,
  • rend possible dans une approche dynamique et collective, un continuum entre l’usager, le professionnel, le scientifique et le politique, entre l’expérience, la pratique, la théorie et la commande publique,
  • intègre les acteurs de la société civile dans leur capacité à s’impliquer dans la recherche d’un mieux vivre ensemble.

La diffusion des travaux de l’ERP

  • Publications, organisation de colloques et journées d’étude à partir des résultats issus des différents ateliers,
  • Mise en place de « communautés de pratique » à partir des recherches menées, avec comme objectif un accompagnement des professionnels vers plus de réflexivité,
  • Coproduction avec les acteurs de la formation de dispositifs et formats pédagogiques qui tiennent compte des éclairages produits (transfert des connaissances auprès des acteurs).

La recherche et la prospective, ainsi différenciées mais reliées dans un processus interactif dans les milieux de pratique, constitue un enjeu majeur si les associations veulent contribuer efficacement à la construction de l’action publique.

Cette méthode globale permet à chacun de

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